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Questions générales sur le Qunût an-Nawâzil (invocation lors des calamités)

Question

Que désigne le terme nâzilah (calamité) dans le Qunût an-Nawâzil ? Quelle en est la formule de prière ? Quelle en est la durée ? Dans quelle prière le Qunût est-il légiféré ? Et est-il permis à tout imam de pratiquer le Qunût lorsqu’il estime qu’une calamité est survenue, ou cela doit-il être décidé collectivement par les imams du pays, par le détenteur de l’autorité (walî al-amr) ou par son représentant ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :


Le terme « nawâzil » désigne les grandes épreuves, calamités ou afflictions graves qui frappent les musulmans, individuellement ou collectivement — comme les guerres, les troubles, les épidémies ou autres événements majeurs. Lorsqu’une telle épreuve survient, il est recommandé d’accomplir le Qunût dans la prière.
An-Nawawî a dit dans son Commentaire de Sahîh Mouslim :
« L’opinion correcte et reconnue est que, lorsqu’une calamité survient — telle qu’une agression ennemie, une sécheresse, une épidémie, une soif ou un préjudice manifeste affectant les musulmans —, il est prescrit de réciter le Qunût dans toutes les prières obligatoires. En dehors de cela, il n’est pas prescrit. » (Fin de citation)
Ibn Hibbân a dit dans son Sahîh :
« On ne récite le Qunût dans les prières qu’en cas d’événement grave : par exemple, lorsque les ennemis d’Allah dominent les musulmans, ou lorsqu’un injuste opprime quelqu’un, ou que des musulmans sont capturés et qu’on invoque pour leur délivrance, ou dans toute situation similaire. » (Fin de citation)

La formulation du Qunût
Aucune formule fixe n’a été prescrite pour le Qunût an-Nawâzil ; l’imam choisit les invocations appropriées à la nature de la calamité et aux circonstances.
Cheikh al-Islâm Ibn Taymiyya a dit dans Majmû‘ al-Fatâwâ :
« Le Prophète () récitait le Qunût lorsqu’un événement survenait, puis l’abandonnait une fois l’épreuve levée. Ainsi, le Qunût est une sunna liée aux circonstances exceptionnelles, et non une pratique régulière.
C’est l’avis des savants de la tradition, rapporté des califes bien guidés : ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui), lorsqu’il combattit les Byzantins, fit le Qunût contre eux et invoqua : “Ô Allah, châtie les mécréants parmi les gens du Livre…”
Le Qunût de ‘Umar n’était pas une pratique régulière — il l’effectua à cause de la calamité qui frappa les musulmans et formula une invocation adaptée à cette situation.
Le Prophète () fit de même : lorsqu’il pria contre certaines tribus qui avaient tué ses compagnons, il invoqua contre elles ; puis, lorsqu’il pria pour les croyants opprimés, il formula un autre du‘â’ adapté à leur cas.
La Sunna du Prophète () et de ses califes indique deux choses :
1. Le Qunût est légiféré lorsqu’une raison le justifie, non comme pratique régulière.
2. Les invocations qu’on y récite varient selon la situation. » (Fin de citation)
Il ajoute ailleurs :
« Le Qunût est accompli lors des calamités, et la prière qui y est récitée n’est pas figée : on invoque selon la circonstance, comme on le ferait dans une prière de demande de pluie (istiqsâ’) ou de secours. C’est cela qui est conforme à la Sunna du Prophète () et de ses califes. » (Fin de citation)
L’imam doit veiller à ne pas prolonger excessivement le Qunût, afin de ne pas éprouver les fidèles.
Anas (qu’Allah soit satisfait de lui) fut interrogé :
— « Le Prophète () récitait-il le Qunût dans la prière du matin ? »
— Il répondit : « Oui. »
— On lui demanda : « Avant ou après l’inclinaison ? »
— Il répondit : « Après l’inclinaison, brièvement. » (yassîran)
Ibn Rajab commenta dans Fath al-Bârî :
« Le terme yassîran peut signifier soit qu’il récita une invocation courte, soit qu’il le fit pendant une période brève. » (Fin de citation)

La durée du Qunût
Le principe est de continuer à invoquer jusqu’à la levée de la calamité ou l’obtention du bien recherché.
Abû Hurayra (qu’Allah soit satisfait de lui) rapporta :
« Le Prophète () récitait le Qunût après l’inclinaison pendant un mois, en disant :
“Ô Allah, sauve al-Walîd ibn al-Walîd, sauve Salama ibn Hishâm, sauve ‘Ayyâsh ibn Abî Rabî‘a, sauve les croyants opprimés. Ô Allah, afflige Mudar de ta rigueur, et rends leurs années semblables à celles de Yûsuf.”
Puis, je vis le Prophète () cesser ensuite d’invoquer. On lui dit : “Pourquoi as-tu cessé de prier pour eux ?” Il répondit : “Ne vois-tu pas qu’ils sont revenus (sains et saufs) ?” » (Rapporté par Mouslim)
Ibn Hibbân en conclut :
« Ce hadith montre clairement que le Qunût n’est pratiqué que lorsqu’un événement grave survient, et qu’il est abandonné une fois celui-ci disparu. » (Fin de citation)
Ibn Khuzayma intitula un chapitre :
« Chapitre sur l’abandon du Qunût à la disparition de la calamité pour laquelle on le récitait. Le Prophète () cessa après un mois, non par abrogation, mais parce que la cause avait disparu. » (Fin de citation)
Ibn al-Qayyim dit dans Zâd al-Ma‘âd :
« Le Prophète () récitait le Qunût pour prier en faveur de certains et contre d’autres. Lorsqu’ils furent libérés ou qu’ils se repentirent, il cessa. Le Qunût n’était donc qu’une mesure circonstancielle. » (Fin de citation)
Si la calamité perdure, les savants ont divergé :
• Certains ont dit : on récite le Qunût un mois, puis on s’en abstient.
• D’autres : on le récite de temps à autre jusqu’à la levée de l’épreuve.
L’avis le plus juste est que l’affaire est souple : on peut continuer tant que la calamité subsiste, ou alterner entre le faire et l’abandonner selon l’évolution de la situation.
Quant à la limitation à un mois, elle a été rapportée de Cheikh Ibn ‘Uthaymîn — mais à titre de préférence, non d’obligation —, car le Prophète () a parfois prié plus longtemps, comme l’indique le hadith rapporté par Al-Boukhari :
« Il pria contre eux quarante matins. »
Abandonner le Qunût ne signifie pas cesser de prier : le musulman doit continuer à invoquer Allah dans les moments d’exaucement — à l’aube, après les prières, entre l’appel et l’iqâma, dans la prosternation et à la fin du tachahhud.

Les prières dans lesquelles le Qunût est légiféré
Les textes rapportés sont variés : certains indiquent que le Prophète () l’a récité dans toutes les prières, d’autres dans la prière du matin (fajr), ou encore dans al-maghrib, al-‘ishâ’, al-zuhr, etc.
Ainsi, le croyant peut réciter le Qunût dans toutes les prières obligatoires ou dans certaines d’entre elles, la plus fréquente étant le fajr.
Ibn Hibbân a dit :
« Si une calamité survient, le musulman peut réciter le Qunût dans une seule prière, dans toutes, ou dans certaines, après s’être redressé de l’inclinaison de la dernière rak‘a. » (Fin de citation)
Ibn al-Qayyim ajoute dans Zâd al-Ma‘âd :
« Le Prophète () ne se limitait pas au fajr, mais récitait le Qunût également dans la prière du soir (maghrib), comme le rapporte Al-Boukhari d’après Anas, et Mouslim d’après Al-Barâ’.
L’imam Ahmad rapporte d’après Ibn ‘Abbâs que le Prophète () a récité le Qunût pendant un mois consécutif dans les prières du zuhr, ‘asr, maghrib, ‘ishâ’ et fajr, invoquant contre certaines tribus et priant pour les croyants capturés.
Sa pratique consistait donc à réciter le Qunût uniquement lors des calamités, et à le délaisser lorsque la cause disparaissait. Il ne le réservait pas au fajr, bien que cette prière y soit la plus propice en raison de sa longueur, de sa proximité avec le dernier tiers de la nuit et de l’heure d’exaucement. » (Fin de citation)

Qui est autorisé à réciter le Qunût ?
Selon l’école hanbalite, le Qunût an-Nawâzil est réservé au chef de l’État (l’imam suprême), ou à son représentant, ou à celui qu’il mandate.
Cependant, d’autres avis au sein du madhhab permettent à tout imam de mosquée, voire à tout fidèle, de le faire.
Ibn Qudâma dit dans Al-Mughnî :
« Si une calamité touche les musulmans, l’imam peut réciter le Qunût dans la prière du matin… mais les particuliers n’y sont pas autorisés. » (Fin de citation)
Ibn Muflih précise dans Al-Mubdi‘ :
« En cas de calamité majeure, le Qunût est recommandé à l’imam suprême, puis à son délégué, ou à tout imam de groupe selon certaines versions, voire à tout fidèle selon d’autres. » (Fin de citation)
Ce dernier avis est celui de Cheikh al-Islâm Ibn Taymiyya, qui a dit :
« Lorsque les musulmans subissent une calamité, tout fidèle peut réciter le Qunût dans toutes les prières, mais cela est plus accentué dans al-fajr et al-maghrib. » (Fin de citation)
C’est aussi l’avis du Cheikh Ibn ‘Uthaymîn, qui précisa toutefois la nécessité d’une coordination avec les autorités religieuses pour éviter la confusion et la désunion :
« Les hanbalites affirment, selon l’opinion dominante, que le Qunût est réservé à l’imam suprême ou à celui qu’il désigne.
Mais l’avis le plus juste est qu’il est permis au chef d’État, aux imams des mosquées et même aux fidèles seuls de le pratiquer, à condition que cela soit encadré et concerté.
Il ne convient pas que chacun décide seul de réciter le Qunût sous prétexte d’une calamité qu’il estime grave, alors qu’elle ne l’est peut-être pas réellement.
Si la calamité est reconnue comme telle par les savants et les responsables religieux, il est alors souhaitable que tous les imams récitent le Qunût afin de manifester l’unité des musulmans.
Mais s’il n’y a pas de coordination, cela mène à la confusion et à la discorde : certains imams le feront, d’autres non, et le commun des gens en viendra à juger la foi des uns et des autres.
En revanche, dans la prière personnelle, le croyant peut réciter le Qunût s’il le souhaite, sans restriction. » (Fin de citation, Majmû‘ Fatâwâ wa Rasâ’il Ibn ‘Uthaymîn, et Fath Dhî al-Jalâl wal-Ikrâm)

Ce développement détaillé du Cheikh Ibn ‘Uthaymîn – qu’Allah lui fasse miséricorde – est juste et équilibré, car il concilie la souplesse de la Sunna avec la nécessité d’ordre et d’unité dans la communauté.

Et Allah sait mieux.

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